Michèle Cotta

Le Paris de Mitterrand
Éditions Alexandrines

Un drôle de sentiment se dégage à la lecture du Paris de Mitterrand, raconté par Michèle Cotta. Totalement immergé dans Paris, celui des années 1930, 1940, 1950, 1960, 1970 et 1980, c’est dans la vie d’un homme que Michèle Cotta nous propose de nous immerger.

Cet homme prend le dessus in fine sur cette capitale. Il n’est pas anodin que la journaliste conclût son récit par un chapitre « Mitterrand écrivain ». Une conclusion dans laquelle Paris est formellement absente ou accessoire et, en même temps, évidente ou immanente.

Paris est une matrice dans laquelle François Mitterrand s’insère jeune puis modèle, alors président de la République, par ses grands travaux. Dans son parcours politique, la capitale est incontournable. « François Mitterrand sait bien que c’est à Paris et nulle part ailleurs que se joue sa carrière politique » (page 46). Mais son Paris est aussi vaste, passionnément, que réduit, physiquement : « le cœur de sa vie parisienne, c’est donc ce quadrilatère défini par l’Élysée, Matignon, la rue de Rivoli et le boulevard des Invalides » (page 43).

Cette passion pour Paris, comme celle des livres anciens et des librairies que l’on découvre dans ce livre, il la vit surtout de façon solitaire, malgré ses vies, publiques et privées, multiples. Mais Paris disparaît aussitôt « qu’il file » (page 45) pour le Morvan ou sa Charente natale, comme il le fait, nous apprend Michèle Cotta, le soir de son mariage, pour une réunion politique ce soir-là.

Tout le récit décline Paris, à travers la vie de François Mitterrand et la voix de Michèle Cotta : tantôt simple ville d’accueil et cadre de vie, tantôt lieu de promenades et d’ascension, de pérégrinations et de conquête, champ de bataille, scène d’exposition et de représentation, décor de sa vie publique et refuge de ses vies privées, et secrètes, ou encore chantier de grands travaux. Autant d’occasions de lire des anecdotes et des rencontres.

On est sûrs d’une chose, à la lecture de cette vie : à Paris, où il ne sera pas inhumé, François Mitterrand est chez lui. C’est certainement encore là la dernière illustration de ses contradictions, ou, comme il imaginait et vivait Paris, celle de sa diversité.

Le Regard d’Edward