Jean-Claude Daumas

La révolution matérielle
Éditions Flammarion

Un ouvrage fondamentalement politique. Parce que…

La révolution matérielle parle de la société, en s’appuyant sur l’histoire, la sociologie, l’économie, l’ethnographie, la géographie et la science politique. Dans la continuité des historiens de l’école des Annales, l’historien étudie les individus et leur manière de vivre par leurs habitudes de consommation, qui sont le reflet des pratiques, des représentations et des mœurs de la société française.

L’approche de ce livre permet de mettre deux siècles en perspective : le XIXe et le XXIe siècles. Jean-Claude Daumas montre donc– ou démontre – l’ampleur de son objet en l’ancrant dans certaines problématiques contemporaines de la consommation et en projetant son analyse historique dans l’avenir, lorsqu’il dit que le sujet de la consommation n’est pas anecdotique.

La révolution matérielle complexifie au lieu de simplifier. Jean-Claude Daumas part du réel, au sens le plus fort du terme, du matériel et des objets, et non d’idées. L’avènement du capitalisme industriel, et donc l’essor de la production marchande, ont induit un modèle de production et de consommation de masse qui parfois aurait tendance à régner sur les hommes, produisant en France « une véritable rupture » avec les habitudes d’autrefois : une situation qui a une résonance aujourd’hui. Cet ouvrage illustre la capacité de la consommation à s’inscrire dans une réflexion économique mais aussi politique, par la démocratisation progressive des produits que l‘on voit apparaitre, mais aussi le domaine de la communication qui l’entoure et dans lequel la transmission de l’information en est révolutionnée.

La révolution matérielle donne de la densité et du sens à la consommation, et une dimension qualitative, que l’analyse économique tend à négliger ou effacer dans un agrégat économique quantitatif. Il fait de la consommation un phénomène profondément social, inclue des dimensions culturelles et économiques. Ainsi, La révolution matérielle montre que, historiquement, l’amélioration du pouvoir d’achat n’a pas homogénéisé les modes de consommation au sein de notre société et ne constitue pas la condition déterminante de la réduction des inégalités économiques et sociales.

Le Regard d’Edward