Jérôme Fourquet

L’archipel français
Editions du Seuil

Mais où va la France ?


Telle est la question à laquelle répond Jérôme Fourquet dans un ouvrage clair et très documenté. L’archipel français est un constat intelligent de l’existence d’une « ancienne France » et d’une « nouvelle France », dont la tonalité permet de contourner le piège du prosélytisme. L’ouvrage de Jérôme Fourquet n’est pas seulement instructif, c’est un livre d’utilité citoyenne.

L’archipel français nous offre, illustré par Sylvain Manternach, un panorama national mouvementé  à l’origine d’une métamorphose de la France, du début du XXème siècle « à l’heure des Gilets Jaunes ».

Jérôme Fourquet propose une analyse spatiale, cartographique et socio-démographique, dont le caractère tridimensionnel fournit une juste explication au malaise social que l’on peut aujourd’hui observer, par la rupture des liens qui soudaient une communauté nationale. Cette approche permet une lecture qui se veut être exhaustive, par la multiplicité et la diversité des points de fracture qu’elle choisit de mettre en lumière, qu’il est impossible de tous citer mais parmi lesquels on note la fin de l’unité par le catholicisme, la distinction d’identité entre villes et campagnes, le marqueur sociologique des prénoms, l’acceptation du tatouage en société et l’intégration des générations issues de l’immigration, comme marqueurs de la montée de individualisme face à la Nation.

L’« archipel » est ainsi la somme des morcellements pluriels qu’a connus la France du XXème siècle pour arriver à notre paysage politique actuel : une « infidélité électorale » de citoyens dont le vote volatil varie à chaque élection, le tout corrélé à une représentation politique en recomposition permanente.

Pour Jérôme Fourquet, ces constats sont les aboutissements d’une communauté nationale ébranlée, au sein de laquelle le sentiment d’abandon prime sur celui d’appartenance. Une seule réponse à ce constat de séparatisme social, religieux et ethnique : le besoin d’un nouveau cadre intellectuel et spirituel, et d’un référentiel culturel, capables non pas d’effacer les différences mais de créer une cohésion qui les dépasse.

Le Regard de Jeanne