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François Bazin

Membre du Jury du Prix du Livre d’Histoire Contemporaine, Journaliste, essayiste, éditorialiste Le Nouveau Magazine littéraire


Sans Histoire, pas de Nation

Une Nation sans Histoire, ça n’existe pas. Un peuple qui ne ferait pas de la sienne, somme de souvenirs, d’émotions et d’expériences partagés, le ciment de son unité, ça n’existe pas davantage. La France, à cet égard, n’est pas une exception mais il y a toutefois dans son rapport à l’Histoire quelque chose de plus qui la distingue des autres et qui tient pour l’essentiel à son intensité et à cette vibration particulière qui toujours en découle. Il est vrai que dans le monde actuel, elles ne sont pas nombreuses les Nations qui viennent d’aussi loin et plongent aussi profond leurs racines. Pour comprendre, il faut donc raconter. Le roman national est né de cette exigence qui fait d’ailleurs de l’Histoire française une branche de la littérature. Voyez Michelet, cet immense prosateur, ce poète inspiré. Pour lui, la France est « une personne » qui vit, qui a vécu et ne vivra encore que dans la conscience rare d’être unique et universelle à la fois. Voyez aussi Hugo dont l’œuvre est un monument qui fait qu’au bout du compte, on ne sait plus très bien ce qu’il faut célébrer quand la fiction devient une part aussi puissante de la réalité.

  C’est d’ailleurs en ce sens que cette Histoire, la nôtre, ne se réduit pas à un patrimoine, aussi prestigieux soit-il, qu’il faudrait se contenter d’entretenir comme s’il était un trésor qu’on peut bien admirer, mais de loin, du bout des doigts, avec cette pointe de nostalgie ou d’effroi qui saisit un chacun lorsqu’il feuillette un album de famille. Cette Histoire n’est pas une simple recension du passé. Si elle n’était que ça, elle serait de peu d’intérêt et, en tout cas, d’une faible passion. Elle n’est vivante qu’en s’ouvrant sur l’avenir. Non pour le prédire mais pour simplement l’éclairer sur un mode qui n’est pas de la répétition mais de l’invention perpétuelle. Pour le dire autrement, l’Histoire telle que les Français la vivent lorsqu’ils sentent à la hauteur de leurs traditions, ne saurait être conservatrice. Ce qu’ils visitent ou revisitent n’est pas une ruine. C’est là qu’ils trouvent les pierres pour construire leur destin.

 

François Bazin, Membre du Jury du Prix du Livre d’Histoire Contemporaine, Journaliste, essayiste, éditorialiste Le Nouveau Magazine littéraire