29E JOURNÉE DU LIVRE POLITIQUE

SAMEDI 28 MARS 2020

Visuel Facebook.jpg

table ronde N°1 - 9h45

Obscurantisme : La science remise en question


Animée par Carole Barjon, éditorialiste politique, L’Obs, avec :

René Frydman, obstétricien, gynécologue des hôpitaux de Paris et professeur des universités, à l’origine du premier « bébé éprouvette » ; Georges Haddad, Président de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, professeur des universités, mathématicien ; Valérie Rabault, Présidente du groupe Socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale, Députée (SOC) de la 1ère circonscription de Tarn-et-Garonne ; Bruno Studer, Député (LaREM) de la 3ème circonscription du Bas-Rhin et Président de la Commission des Affaires culturelles et de l’Education de l’Assemblée nationale


Si le XVIIIème siècle est celui de la croissance, c'est aussi le siècle des Lumières. Des philosophes porteurs d’idées nouvelles souhaitent « éclairer toutes choses à la lumière de la raison » et s'engagent dans une lutte contre les ténèbres de l'ignorance, de l'obscurantisme et du fanatisme. La notion d’obscurantisme s’inscrit alors dans une histoire des idées politiques. Elle signifie étymologiquement « l’hostilité aux lumières » et constitue à cet égard l’exact opposé d’une grande idée, celle d’une pleine diffusion de toutes les connaissances.

Aujourd’hui, les forces obscurantistes cherchent à remettre en cause les recherches scientifiques dont les conclusions vont à l’encontre de ce qu’elles veulent entendre. Accusé de conflit d’intérêt sur la place publique, le monde scientifique serait à la solde d’intérêts économiques et dissimulerait la véritable catastrophe prête à s’abattre sur nous. Le refus de la complexité grandissant dans nos sociétés est propice à l’émergence d’une nouvelle forme d’obscurantisme. Derrière cet abandon de la raison se trouve avant tout le déni du réel : l’idée que tout serait factice, que toute vérité serait à fabriquer.

Ce phénomène a de graves conséquences en matière de santé publique dont la baisse des taux de couverture vaccinale, qui va de pair avec la réapparition de maladies comme la tuberculose ou la rougeole, pourtant disparues du continent européen. Plus encore, la défiance vis-à-vis du monde pharmaceutique s’inscrit dans une défiance beaucoup plus généralisée à l’égard de toute nouveauté. Le phénomène anti-Linky révèle par exemple le malaise palpable quant aux réalités scientifiques, présentées comme des manipulations politiques ayant pour unique dessein la satisfaction d’intérêts financiers personnels. La cartographie proposée par Jérôme Fourquet témoigne de l’étroite relation entre opposition à la technologie et tradition politique locale. [1]

La défiance à l’égard de la science trouve t-elle son origine dans la manière trop complexe dont elle est divulguée dans l’espace public ?

A l’ère du réveil obscurantiste, l’éducation et en particulier la pédagogie scientifique tiennent un rôle central pour qu’une culture de la connaissance soit revivifiée dans tous les lieux de débats publics.

[1] « La France des anti-Linky », Thomas Mahler et Clément Pétreault, Le Point du 9 janvier 2020


Retour