Riss 

Lettre au futur locataire de l’Élysée

Hors-série Charlie Hebdo

Avec la verve du journaliste satirique, Riss interpelle le prochain Président de la République sur les urgences de notre société. « je ne vous donnerai pas les solutions, prévient Riss, c’est à vous de les trouver ».

Pour Riss, un bon Président ne dirige pas: il imagine. Et il appelle de ses vœux un visionnaire, « un chef d’Etat et non un chef de rayon ».

D’emblée, Riss est clair: la droite a des qualités et la gauche aussi. La droite a trompé ses électeurs et la gauche aussi. « La droite et la gauche ont fait des conneries, ne les copiez pas »! Supplie-t-il, voyant dans cette sempiternelle guerre de tranchées faussement idéologique, la répétition de promesses intenables répétées tous les cinq ans.

Il suggère de ne pas perdre de temps à modifier la constitution « qui n’est qu’une affaire de mots »: Cela ne règle pas la vie concrète des citoyens.

De même, il invite le Président à ne pas tout miser sur la croissance « qui promet la prospérité et amène les guerres ». Riss le regrette mais constate que le capitalisme a gagné la bataille du monde, mettant à leur insu tous les travailleurs et tous les consommateurs sous la botte de besoins et de désirs qui, loin de les libérer, les asservissent encore un peu plus…

Il voit trois sujets prioritaires d’intervention du nouveau Président:

-Il doit d’abord prendre en mains le problème de notre société numérique et donc, du comportement des GAFAM.  « Pourquoi, demande Riss, les organisations privées façonnent-elles comme elles le souhaitent notre société? De quel droit? Il y a urgence à limiter l’intrusion dans nos vies, d’opérateurs qui se comportent comme des dealers avec des produits dont nous devenons tous addicts ».

-Il doit ensuite s’attaquer sérieusement à l’urgence climatique: « Il nous faut un Président plus fort que la fin du monde », suggère-t-il en rappelant que l’écologie « a toujours été impopulaire parce qu’elle annonce des mauvaises nouvelles ». Mais le temps n’est plus au rafistolage, aux lenteurs, aux promesses d’emploi et de croissance de chefs d’entreprise qui défendent des intérêts à court terme quand l’urgence, justement, c’est de défendre la planète et donc, le long terme.

-Enfin Riss demande au Président d’être « plus fort que Dieu », c’est à dire, un défenseur sans concession de la laïcité qui fonde notre idéal républicain.

En conclusion, il admet que la bataille à mener est celle de l’esprit collectif contre l’individualisme, du sentiment d’appartenance à un groupe. Et ce groupe, c’est la France…

Un texte très accessible, intelligemment engagé, qui contribue utilement à la réflexion que cette période appelle.

Philippe Langenieux-Villard