La journée du Livre Politique 2020 est annulée mais nous continuons à lire et à découvrir pour vous les essais politiques et socio-politiques. Aujourd’hui, coup de coeur de Pierre-François Veil:
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catherine nay

Souvenir, souvenirs…
Robert Laffont

 

Franchement, fallait oser. Oser débuter, ou presque, par « j’ai détesté mai 68 ».

Surtout en rappelant aux lecteurs, avoir détesté ce moment fondateur au nom d’une histoire du tendre contrariée, et aussi que ce tremblement de terre avait débuté par un banal débordement de libido de quelques étudiants encore boutonneux.

Mais le ton est donné ; plutôt que la nostalgie, ce sera l’ironie, narquoise mais toujours affectueuse, pour décrire la vie politique des cinquante dernières années de notre pays, régulièrement à la recherche éperdue d’un nouveau monarque pour habiter un costume toujours trop grand, sauf duplice habileté, à théoriser le « Coup d’état permanent » pour mieux endosser le vêtement.

Le récit public et privé, mais toujours respectueux de l’intime, du bal des ambitieux au service de la plus belle des ambitions : servir le pays.

On y croise, toujours avec légèreté, souvent avec émotion, tous les personnages de la vie politique française depuis 1968, météorite d’un engouement médiatique éphémère, ou poids lourd d’un courant politique profond.

En puis quand on referme l’ouvrage, interrompu en avril 1995, deux jours seulement après l’avoir ouvert, comme pour les séries de Netflix ou Canal +, on se découvre malheureux, presque désœuvré, de devoir attendre, trop longtemps, la saison suivante.

 

Pierre-François Veil,

Avocat à la Cour