“Génération farniente : pourquoi tant de français ont perdu le goût du travail”

pascal pérri

le regard de
philippe langenieux-villard

En France, le temps de travail est parmi les plus faibles de tous les pays développés. La France s’appauvrit et le regrette, mais sans accepter de remettre en cause l’une des principales faiblesses de son économie: le temps de travail. Nous travaillons au plus 10% de notre temps de vie. Est-ce trop?

Certains élus de gauche contestent ce diagnostic: travailler davantage, c’est produire davantage et donc polluer plus. L’une de ses porte-parole, Sandrine Rousseau, a même arboré pendant les manifestations sur la retraite une pancarte: « Il faut remplacer le capitalisme par une bonne sieste ».

Pascal Perri raconte son expérience personnelle en entreprise, les calculs et les arrières pensées des salariés pour travailler le moins possible, interroge des patrons et constate combien la notion du temps passé au travail est devenu un élément central de choix pour s’engager par contrat durable dans un monde qui a compris que le temps était « une ressource limitée et non stockable ».

La France a donc accouché progressivement d’une « génération farniente », avec son cortège de conséquences inévitables: baisse de pouvoir d’achat, diminution de la force industrielle, abaissement de la qualité des services. Elle ne pourra pas longtemps faire face aux charges de son système social, aux protections parfois uniques au monde, dont bénéficient les salariés, sauf à doper la natalité et à stimuler l’immigration.

Peut-on redonner goût au travail, s’interroge le chroniqueur des Echos , en finir avec une jeunesse mal formée et des séniors rejetés, une capacité de travail de 10 à 15% inférieure à celle de nos concurrents? Sommes-nous tombés à ce point dans l’absurde lorsque des lycéens se mettent en grève alors même qu’ils ne produisent rien et bénéficient d’un service public gratuit?

Pascal Perri reprend l’histoire du travail depuis l’origine de l’homme et observe que c’est le travail, justement, qui marque l’entrée de l’homme dans la civilisation. N’est-ce pas la révolution française qui a libéré réellement le travail en mettant un terme aux corporations? L’épanouissement individuel n’est-il pas lié pour une part à l’activité professionnelles? Et la lutte contre le chômage, qui a constitué l’essentiel des promesses des hommes politiques pendant vingt ans, n’est-elle pas la preuve que le travail est nécessaire à l’homme?

Il faut donc réhabiliter le travail dans un pays où le discours sur la paupérisation alimente un ressentiment largement injustifié dans une France qui n’est pas l’enfer social qu’une partie de la population a fini par croire.

Ce livre est courageux, bien construit, riche en exemples et en références incontestables. Il fait entendre la petite voix de la raison, celle qui propose de « renoncer à l’égoïsme du présent pour remettre de l’espoir dans notre avenir français ».