La journée du Livre Politique 2020 est annulée mais nous continuons à lire et à découvrir pour vous les essais politiques et socio-politiques. Aujourd’hui, coup de coeur d’Edward Chekly :
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PASCAL BRUCKNER

Une brève éternité: Philosophie de la longévité
Grasset

Existe-t-il un art de vivre la vie après l’enfance, la jeunesse, la trentaine, la quarantaine, et même la cinquantaine ? Un art de vivre avant la séniorité dans la société ? Un art de vivre cet “été indien de la vie”, le titre de la première partie de l’ouvrage ? Le dernier livre de Pascal Bruckner nous suggère, après avoir décliné les différentes stratégies humaines face au temps, de faire le choix d’une posture dans la vie. Son livre est un hymne à la vie. Un récit profondément humaniste. Celui d’un Européen. Cette philosophie de la longévité est davantage l’essai d’un romancier. Ses références sont littéraires, cinématographiques, musicales, artistiques. Ses réflexions philosophiques sur les âges, le vieillissement, le temps qui passe, le temps (les deux premières des cinq parties qui structurent l’ouvrage), le mène à une réflexion plus romancée sur les “amours tardives”, amours entre générations ou vieux conjoints. Avant d’essayer une typologie des postures face à la vie, sur le sens de sa vie. Une quatrième partie qui s’apparente davantage à l’essai, avant d’ouvrir la voix à un chemin (enfin) trouvé.

Une brève éternité raisonne comme une thérapie accélérée. A travers ses pérégrinations, philosophiques, littéraires et artistiques, résolument inscrites dans l’époque et la société contemporaines, celles de la “post-modernité”, des “générations et des identités liquides” et du transhumanisme, l’auteur invite in fine le lecteur à s’inscrire dans le temps de la vie, à embrasser “des domaines plus vastes” et croiser “ces absolus relatifs que sont l’amour, la vérité, la justice”. A travers sa philosophie de la longévité, Pascal Bruckner s’adresse peut-être aux nouvelles générations. On pourrait y avoir, aussi, le pardon d’une autre génération, celle avec laquelle est “née une nouvelle attitude : le jeunisme, symptôme des sociétés vieillissantes, idéologie de grandes personnes qui souhaitent cumuler tous les bénéfices, l’irresponsabilité de l’enfance et l’autonomie de l’adulte”, comme il la décrit dans son introduction. L’auteur nous propose de renouer les liens de la transmission. Pascal Bruckner veut susciter “la relève”. Une brève éternité est in fine un récit écologique. Une réconciliation. Une invitation. Une invitation à la sagesse. En fait, le philosophe nous propose un art de vivre tout court, un art de vivre au sens premier.

Edward Chekly