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Stéphane Fouks

Pandémie Médiatique

Plon

 

Stéphane Fouks, vice-président d’Havas, nous offre un livre de référence, un livre qui devrait être diffusé non seulement aux communicants et aspirants communicants mais à tous ceux dont les fonctions les amènent à développer une expression publique : élites politiques et administratives, chefs d’entreprise, journalistes et universitaires. Partant de l’analyse fine d’une communication gouvernementale médiocre pendant la crise du Covid 19, il ouvre les yeux sur la nature de la communication qui aurait dû être déployée dans ce genre de situation et, plus largement, sur la manière dont la communication, quel que soit le moment, doit aujourd’hui accompagner nos sociétés.

C’est un fait que nos élites ne maitrisent rien en matière de communication et ont pourtant la prétention  de connaitre les recettes de communication qui assurent le succès. La communication est un métier, une chose sérieuse, pas un hobby contrairement à ce qu’elles pensent. Ces élites continuent de privilégier une communication par le texte quand l’opinion attend majoritairement une communication par l’image. Ils ont reçu une éducation qui privilégie l’écrit et la dissertation et sont souvent très faibles en expression orale. Elles pensent que les interdits, la menace ou la sanction feront rentrer dans le rang quand la population attend qu’on l’associe et lui fasse confiance. Des élites déconnectées des rudiments de compréhension de l’opinion. Ainsi, dans la crise du Covid, le gouvernement joue sur l’angoisse qui paralyse plutôt que sur la peur qui pousse le sujet à agir pour se protéger. Résultat : toute sa communication a reposé sur les interdits quitte à nager dans les contradictions : ne sortez pas de chez vous mais allez voter aux municipales ! L’opinion est infantilisée. Comme le souligne l’auteur, « le gouvernement a enfreint la règle de trois de la communication : vérité, sincérité et action ».

Là où la communication trouve un écho lorsqu’elle est empathique, qu’elle concilie la confiance et le réconfort, la bienveillance et la responsabilisation, nos dirigeants, aussi bien politiques qu’en entreprises continuent de privilégier les discours d’autorité aux allures martiales. Une communication « virile » dans un monde, comme nous le décrit bien l’auteur qui a été secoué par ce virilisme des mots et en attente d’une féminisation des discours.

Et Stéphane Fouks offre quelques clés très précieuses pour mieux formater la communication vers laquelle nous orienter en privilégiant l’anticipation, la parole contrôlée dans son rythme, une culture de l’image et bien d’autres choses. Aujourd’hui, la communication est un support essentiel de la démocratie.

Phillipe Méchet