“Les légendes du siècle”

Fabien archambault

le regard de
philippe langenieux-villard

La perspective des jeux de Paris dans quelques mois n’est sans doute pas étrangère à la publication de cet intéressant ouvrage qui aborde de manière inattendue, autour de douze médaillés olympiques, l’histoire complexe, heurtée et toujours en marche, des règles de l’olympisme, du cadre et des conditions dans lesquelles se déroulent les compétitions.

L’historien explique notamment que les Jeux Olympiques modernes sont le résultat de trois facteurs : l’américanisation du monde, l’affirmation du communisme soviétique et la décolonisation. Il retrace le chemin qui a conduit d’une rencontre élitiste à la fin des du dix-neuvième siècle, à un rendez-vous planétaire un siècle plus tard.

Qui se souvient qu’en 1912, les compétitions étaient à la fois sportives et artistiques, qu’on avait même imaginé l’organisation d’un « pentathlon des muses » et que jusqu’en 1948 (jeux de Londres) un salon international des arts se déroulait aux côtés des épreuves sportives ?

Faut-il rappeler que le premier marathon olympique féminin n’a été couru qu’à partir de 1984 ?

Notre mémoire, qui associe l’année olympique 1936 à Berlin, a totalement effacé la tentative d’organisation de jeux à Barcelone la même année. Cette date, en tout cas, introduit clairement les arrières pensées politiques dans la vie olympique, où le choix des disciplines et la sélection des sportifs ne sont plus laissés au seul critère des performances, mais aussi, à  la volonté des nations de démontrer leur puissance et leur développement.

Les jeux sont aussi l’occasion d’échanges culturels et humains entre pays, par exemple, en 1964, où la France, pour les jeux de Tokyo, prête la Venus de Milo au musée de Kyoto.

Le débat le plus récent et le plus complexe de ces dernières années concerne la définition de dispositifs permettant de repérer des hommes  travestis en femmes, avec l’injuste performance qui en résulte…

Décidément, l’imagination n’a guère de limites dès lors que l’évènement mondial le plus médiatisé de notre planète peut, puisque le sport est devenu un langage planétaire, prouver un temps la supériorité d’une nation et donc, la force d’un modèle politique.

Était-ce vraiment le projet du Baron de Coubertin ?

« Les légendes du siècle » de Fabien Archambault aux Éditions Flammarion.