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olivia grégoire

Députée (LaREM) de la 12ème circonscription de Paris

 

La politique est-elle une farce ?

Le politique est-elle devenue une farce ? Depuis les succès électoraux de personnalités qui ont fait de leur incompétence et de leur désinvolture une arme contre le sérieux et l’ennui des élites – aux États-Unis ou au Royaume-Uni, ou plus directement en Italie et en Ukraine –, la démocratie traverse une profonde crise de confiance. L’espoir du triomphe de la raison, qui a accompagné les conquêtes républicaines, s’efface devant les nouvelles réalités politiques : généralisation de la défiance à l’égard des élus, propagation des théories du complot, banalisation de la violence verbale et physique…

Avant d’être une farce, la politique est devenue un spectacle, que chacun regarde de chez soi et critique comme tel. Les experts de la communication avaient depuis longtemps compris qu’il fallait raconter à l’électeur une histoire pour le captiver, ils savent maintenant qu’il faut aussi garder son attention, en le nourrissant de phrases-choc, d’humour ou de scandales ou en l’invitant à réagir.

Ceci doit-il nous inviter à rejeter la part de déraison et d’émotion qui sont, sommes toutes, profondément humaines ? Au contraire, on peut se demander si le politique ne s’est pas fourvoyé en voulant être trop rationnel, en considérant une loi comme nécessairement légitime parce qu’il a été élu et comme nécessairement efficace parce qu’elle a été votée. L’irruption de ce que nous considérons comme la déraison nous rappelle en fait que de très nombreuses personnes ne croient plus ni dans légitimité ni dans l’efficacité de la loi.

Dès lors, il s’agit de tirer parti de la déraison plutôt que de la rejeter, de répondre à l’atomisation de la société en lui donnant les moyens de faire corps. Revenir, en somme, à l’enseignement de Rousseau pour qui la république avait sa part d’irrationnel : « Plantez au milieu d’une place un piquet couronné de fleurs, rassemblez-y le peuple, et vous aurez une fête. Faites mieux encore : donnez les spectateurs en spectacle : rendez-les acteurs eux-mêmes ; faites que chacun se voie et s’aime dans les autres, afin que tous en soient mieux unis. »