Pas de doute: Frédéric Mitterrand sait raconter des histoires et l’Histoire.

Nous sommes à la veille de la seconde guerre mondiale et la France espère encore la paix. Joachim Von Ribbentrop vient à Paris signer une déclaration d’entente entre la France et l’Allemagne. Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter…

Mais Frédéric Mitterrand nous emmène dans les ambassades de France à Berlin et à Rome, dans les ministères que tiennent Edouard Daladier et Paul Reynaud, dans les assemblées que président Edouard Herriot et Jules Jeannenay, à Metz où le colonel de Gaulle attend son heure, dans l’antre d’Hitler et le bureau de Mussolini. Il imagine avec finesse les conversations, souligne les sous-entendus, les fausses promesses et les arrière-pensées.

« Toute cette période fait penser à la mer quand le temps s’obscurcit et que les grosses vagues de fond brutalisent le navire », prévient l’auteur.

Un texte extrêmement vivant, les portraits saisissants des hommes et femmes de cette époque, une écriture subtile, riche, digne des beaux passages de la littérature du début du vingtième siècle, permettent au lecteur de se passionner véritablement pour un temps d’histoire à la fois crucial et finalement peu raconté: celui au cours duquel la France a perdu la guerre avant même qu’elle soit déclarée.

Philippe Langenieux-Villard