“Jusqu’à ce que mort s’ensuive”

Olivier rolin


Le regard de
philippe langenieux-villard
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Écrit avec la minutie de l’enquêteur sur une affaire dont il sait l’issue et l’allégresse d’un romancier qui veut provoquer la curiosité et l’attente de son lecteur, ce texte est une réussite. Politiques et policières, ces lignes évoquent les tribulations de deux militants combattant le même régime mais avec des motivations politiques différentes.

Le point de départ ? La lecture d’une page des Misérables dans lesquelles Victor Hugo relate un épisode de la bataille des barricades lors de l’insurrection de 1848 à Paris.

Les personnages qu’il décrit, loin d’être ceux d’une fiction, ont véritablement existé : Olivier Rolin se lance à leur recherche, reconstitue dans les rues d’aujourd’hui les évènements de l’époque, suit avec méthode les itinéraires inattendus des deux hommes dont le point d’arrivée, à Londres, les place finalement face-à-face.

Même exilés, ils conservent leurs convictions passées sans le moindre compromis. Emmanuel Barthélemy, un ouvrier mécanicien et Frédéric Cournet, un ex-officier de marine, deux hommes que leur éducation sépare, ne s’offrent aucune chance de dialogue ou de compromis.

C’est leur destin qui conduit le fil d’un récit où le romancier fait revivre une période où le bagne, les duels, les coups d’État, la peine de mort, les figures de Ledru-Rolin ou de Napoléon III, les idées républicaines et royalistes, les révolutionnaires et les bourgeois, constituaient l’essentiel de l’actualité.

Parce qu’il prend le lecteur à témoin de ses découvertes ou de ses doutes, parce qu’il l’emmène dans ses recherches et le place face aux évènements à la meilleure place, parce qu’il évoque les évolutions urbaines et leurs conséquences sociales, parce qu’il dépeint des évènements et des mœurs d’un autre temps, parce qu’enfin, il ne propose pas une « morale de l’histoire » laissant à chacun le soin de l’établir, le livre d’Olivier Rolin est à placer dans la catégorie des romans historiques à lire absolument.