“Le temps des combats”

nicolas sarkozy

le regard de
philippe langenieux-villard

Il s’agit ici sans conteste d’un exercice de « Mémoires », avec tout ce que cet exercice contient de nostalgie et de rancunes, mais aussi, de reconnaissance et de fierté. On retrouve Nicolas Sarkozy tout entier, avec son franc parler et sa sensibilité. Il emmène le lecteur dans le tourbillon des passions qui le brulent, lui fait partager un agenda démentiel où s’entrecroisent les obligations internationales, les moments heureux en famille et les joutes politiques inévitables dans un pays qui aime contester ceux qui gouvernent. Il n’omet pas d’évoquer les drames et les accidents, les heures douloureuses qu’il faut partager avec la souffrance de familles endeuillées et les initiatives si complexes sans lesquelles des français prisonniers ou otages au bout du monde, seraient définitivement oubliés.

Le lecteur comprend l’incroyable difficulté qu’un homme engagé et sincère éprouve à faire aboutir ses projets face aux oppositions les plus diverses et parfois les plus cyniques, aux arcanes administratives et aux lâchetés souvent plus confortables que le courage de ceux sur lesquels il pensait pouvoir compter. L’ancien président détaille ses efforts et les obstacles qu’ils rencontrent, reconnait ses empressements et ses naïvetés, admet qu’en face des réformes voulues, les résultats n’ont pas toujours  été conformes à ses espoirs.

Sa plume ne vacille pas lorsqu’il faut remercier telle ou telle loyauté ou encore le soutien des militants ou d’une personnalité éloignée de lui pourtant ralliée à sa cause. Il raconte ses efforts d’ouverture et les critiques qu’ils suscitèrent et les abandons de postes qui le blessèrent.

Heureux d’avoir néanmoins fait aboutir des réformes fondamentales ( pouvoirs du conseil constitutionnel, droit et place de l’opposition dans le débat parlementaire, autonomie des universités, lancement d’investissements culturels à Metz, Marseille et Lens, la philharmonie de Paris, aménagement du campus de Saclay…) d’avoir été un acteur décisif de décisions internationales importantes ( la crise grecque, les conséquences de la crise financière de 1998, les relations avec le monde arabe…) il fait partager au lecteur sa volonté permanente de défendre une France vigilante, sérieuse et utile au monde.

Son caractère trempé l’amène sans aucune réserve à dire son opinion sur bon nombre d’acteurs politiques français avec une sincérité qui n’a rien de diplomatique, assumant sans le moindre complexe la dénonciation de leurs comportements, de leurs arrières pensées et d’une forme consumée de mépris définitif.