Proposer la compréhension de l’histoire de l’économie mondiale en moins de 400 pages pourrait relever d’une invraisemblable prétention. Peut-on aborder avec des mots simples la complexité d’une construction universelle dont les mécanismes ont été conçus, développés et contestés selon les époques, les gouvernements et les besoins du monde?

C’est ce pari que parvient à réussir Jean-Marc Daniel, dans cette fresque à la fois très complète et très accessible, passionnante même, grâce aux logiques qu’elle développe et aux débats que chaque modèle suscite.

Un livre riche d’informations, de données, d’exemples, où cohabitent capital et travail, dans une succession d’évolutions où l’auteur analyse avec finesse le poids des « oisifs » - mais aussi, leur utilité - ainsi que l’extraordinaire création de valeurs qu’ont engendré les efforts successifs ou conjoints des ouvriers, des agriculteurs, des entrepreneurs et des innovateurs.

On y apprend aussi le rôle déterminant du pouvoir politique, depuis la Rome antique jusqu’à nos jours: depuis l’empereur Constantin créant le premier ministre des finances en 318, jusqu’aux décisions les plus récentes du G 20 et la terrible question de la dette des Etats.

Mais l’ouvrage ne se résume pas à un long cours d’histoire des pensées économiques et des monnaies, depuis le besant de Constantinople jusqu’au bitcoin.

En rappelant sans cesse quelques règles simples de l’économie (l’égalité nécessaire entre l’offre et la demande, le rôle de la démographie dans le développement économique, les limites et les forces de l’interventionnisme d’Etat, le respect des cycles et l’aléa des évènements,…) Jean-Marc Daniel nous fait traverser les époques  et leurs drames, mais aussi leurs progrès, avec la fluidité d’ une pensée claire.

Sa conclusion ne se limite ni à un résumé ni à des prédictions, mais suggère utilement le respect de quelques notions incontournables sans lesquelles l’économie mondiale ne parviendra pas à faire face aux nouveaux défis de la fiscalité et de la dette. Il prône notamment un retour à la stabilité monétaire, un équilibre entre les « oisifs » et les « productifs » et une liberté d’innovation stimulée par la concurrence. 

Cet ouvrage est tout simplement passionnant en ce qu’il est susceptible d’intéresser tous les publics à la fois par son érudition et en même temps par sa force pédagogique.

 Philippe Langénieux-Villard