prix du livre d’histoire contemporaine 2023

interview de jean-Charles chapuzet et christophe girard

Lauréats de la catégorie « Bande dessinée » pour leur ouvrage Le Matin de Sarajevo

LLS : Qu’est-ce que ça vous fait de recevoir le Prix ?

JC. CHAPUZET et C. GIRARD : Nous sommes très fiers. Ça nous conforte aussi dans l’idée que notre travail, nos heures passées dans l’ombre et dans la solitude, peuvent trouver un réel intérêt. C’est aussi une récompense pour nos familles, qui nous voient travailler pendant des heures et des heures. C’est un projecteur sur notre travail.

LLS : Pourquoi avoir choisi de traiter de l’assassinat de l’archiduc François FERDINAND ?

JC. CHAPUZET et C. GIRARD : Pour la conséquence immense et dramatique que cette bêtise de l’Histoire a engendrée. Cet événement a modelé tout le 20e siècle et continue à modeler le 21e. Tous les historiens sont unanimes, c’est un des événements qui a changé la face du monde et qui a changé notre vie. Par ailleurs, c’est un scénario digne d’un polar. L’événement se concentre dans une courte matinée, que l’on a raconté dans l’album avec des flashbacks sur deux destinées qui se rencontrent ce 28 juin 1914 à Sarajevo : celle de l’assassiné et celle de l’assassin. Cette histoire est nerveuse, il y a de la tension. En bande dessinée, c’est du bonheur.

LLS : Vous aviez déjà édité un album sur Zola et Dreyfus. Pourquoi choisir l’angle d’une confrontation de destinées ?

JC. CHAPUZET et C. GIRARD : Quand on fait le choix de se lancer dans un nouvel ouvrage, on doit se poser deux questions. Comme on traite de la grande Histoire, celle avec un grand « H », on choisit un événement. Ensuite, on choisit l’angle. Les oppositions entre deux personnes ou deux courants offrent de beaux récits à raconter. Ça fait de bonnes histoires.

LLS : En quoi est-il encore important de transmettre l’Histoire ?

JC. CHAPUZET et C. GIRARD : « Celui qui ne connait pas l’Histoire est condamné à la revivre » dit un vieil adage. C’est tellement vrai. On dit toujours que le passé pèse sur le présent, on montre aussi dans nos livres que le présent pèse sur l’interprétation du passé. D’ailleurs, nous nous rendons très souvent dans des établissements scolaires pour parler avec les élèves. Nous sommes déterminés à faire comprendre que l’Histoire est bien celle de tout le monde. Chacun peut y trouver à réfléchir sur sa propre vie. C’est très important de porter ce message. La transmission de l’Histoire est donc essentielle.

LLS : Que réservez-vous aux lecteurs pour la suite ?

JC. CHAPUZET et C. GIRARD : Nous avons déjà prévu notre prochaine collaboration. Le point de départ : l’assassinat du député Giacomo Matteotti jusqu’au lynchage du poète Pier Paolo Pasolini, pour traiter de la cavale de Mussolini, avec sa maîtresse, sur les bords du lac de Côme. Encore plus qu’un album sur la cavale de Mussolini, ce sera un album sur la violence et la pluie.