Guillaume Tabard

Macron, la révolution inachevée

Robert Laffont

A travers des éditoriaux qui n’ont pas été retouchés depuis leur publication, Guillaume tabard parcourt l’itinéraire d’Emmanuel Macron depuis le 27 aout 2014, date à laquelle il est nommé Ministre de l’économie de Manuel Valls jusqu’au 20 septembre 2021 lorsque le Président de la République tente de « guérir des mémoires blessées » de la guerre d’Algérie.

L’exercice est périlleux face à tous les lecteurs qui chercheront entre ces lignes d’urgence et d’actualité, les preuves à postériori d’une défaillance journalistique, d’un jugement excessif, d’une analyse maladroite à propos de l’itinéraire invraisemblable tracé par Emmanuel Macron depuis huit ans.

Force est de constater que l’exercice est réussi. Ni flagornerie, ni critique intempestive sous cette plume souple et vive qui propose une approche intelligente des sujets. Son excellente connaissance de l’histoire politique de la France et son intuition éclairée des mouvements de l’opinion, donnent à Guillaume Tabard les moyens d’une distance et d’une perspicacité qui surprennent par leur justesse.

Les anecdotes sont rares et les bons mots de tel ou tel personnage de ce roman politique où tout est vrai, sont amenés avec élégance. On s’amuse des naïvetés des uns et du cynisme des autres avec d’autant plus de plaisir que nous connaissons, aujourd’hui, la fin de l’histoire.

Emmanuel Macron est présenté comme un homme qui cherche à séduire et a besoin de dominer, mais aussi, comme quelqu’un qui aime être ébloui et qui craint d’être trompé. Au fil des pages, l’auteur égraine les réformes tentées et parfois réussies (suppression de la taxe d’habitation, mise en place de la retenue à la source, réforme du droit du travail, réforme de l’apprentissage, fin du fiasco de Notre-dame des Landes…) mais aussi les renoncements. « Il est le seul président depuis François Mitterrand à ne pas avoir touché au financement des retraites », constate-t-il ou encore: « une incapacité à instaurer en France une société de confiance ».

Parce que cet observateur très fin de la vie politique sait la limite des pronostics et le danger des projections lointaines, parce que son art consiste à offrir plusieurs hypothèses à une situation, il s’affranchit avec habileté des jugements abrupts et présente les faits sous leurs diverses facettes, laissant au lecteur charmé le choix de l’argument qui lui convient.

Toutefois, Guillaume Tabard conclut ce remarquable travail d’analyse par la certitude que la France, toujours divisée, toujours inquiète, choisira son futur président par défaut plutôt que par adhésion. Une intuition qui en dit long sur la difficulté de gouverner un pays qui ne s’est toujours pas réconcilié avec la politique.

Philippe Langenieux-Villard