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FRANÇOIS BAZIN

Chronique à L'Express et Nouveau Magazine littéraire, Essayiste, Secrétaire général du Prix du Livre Politique

 

Éloge de la folie

 C’est Paul Valéry, je crois, qui signalait un jour, après tant d’autres, que la guerre est fille de la politique. Il ajoutait surtout que « la politique a besoin de crédulité, de l’émotivité » et que pour cela, « il lui faut de l’indignation et de la haine ». Les intellectuels, dira-t-on, flottent souvent dans le ciel des idées. Ils manquent de sens pratique. Sur la question qui nous occupe – celle de la déraison dans l’action et le débat public – tournons-nous donc vers les praticiens. Jacques Chirac, par exemple, dans ses «dernières confidences »  : « l’irrationnel fait partie de mon héritage. Je le sais nécessaire à l’action - tout étant affaire de dosage et de bon emploi. L’irrationnel est, comme le mouvement, un élément fondamental d’équilibre ».

Que la raison l’emporte en toutes choses, qui pourrait ne pas le souhaiter ? Que la raison seule soit moteur de l’action, qui pourrait pourtant l’affirmer ? L’espoir et l’imagination, la passion qui n’est pas nécessairement mauvaise, l’ambition qui n’est pas forcément personnelle, ne se mettent pas en équation. Ceux qui ont essayé de le faire et qui, pour certains continuent, ignorent l’essence de la politique. Le cercle de la raison porte bien son nom. Le seul mouvement qu’ils connaissent est celui qui tourne en rond. Méconnaitre la part d’irrationnel que contient toute action, c’est surtout prendre le risque de laisser tout envahir. Il n’est pas rationnel d’oublier la déraison. N’est-ce pas ce que montre l’actualité de ces derniers mois, et pas seulement en France ? On fête cette année le cent-trentième anniversaire de la naissance de Charles de Gaulle. Sa carrière et sa gloire, quoi qu’on puisse en penser, montrent qu’un visionnaire est un fou devant lequel on finit par rendre, un jour, les armes de la raison. Ce qui, on l’avouera, vaut quand même mieux que l’inverse !