Erik Larson

La splendeur et l’infamie

Le Cherche-Midi

 Du 10 mai 1940 à la fin de l’année 1941, le Royaume-Uni est bien seul face à l’Allemagne conquérante : le continent est vaincu et l’Amérique se drape dans un isolationnisme dont Roosevelt peine à sortir. Churchill est arrivé au pouvoir le 10 mai 1940 et le livre d’Erik Larson, basé sur une très large documentation et sur de nombreux journaux intimes de l’entourage du Premier ministre britannique, retrace avec minutie les combats qui s’offrent à lui pendant cette longue année, jusque la fin de 1941. L’ensemble est passionnant.

On n’a trop oublié à quel point Londres et de nombreuses villes anglaises furent bombardées quotidiennement pendant plus d’un an par une flotte aérienne allemande impressionnante et dont le but était de faire rapidement plier l’Angleterre afin d’amener la population à exiger que Churchill quitte le pouvoir et que la paix soit rétablie. C’était mal évaluer la pugnacité, le courage, le talent et le verbe de Churchill qui n’a eu de cesse de remonter le moral de la population, de ne rien céder. Un Premier ministre que l’on accompagne tout au long du livre dans son quotidien, en partageant autant sa vie de guerrier que sa vie familiale, parfois compliquée, ou ses sympathiques excentricités.

Churchill est un colosse face aux Allemands mais aussi un grand émotif. On le découvre passionnément francophile et pleurant à chaudes larmes lors de la défaite des Français ou culpabilisant de devoir couler la flotte de Vichy. On mesure également à quel point les américains sont entrés dans la guerre du fait du bombardement de Pearl Harbour mais n’avaient auparavant fait que trainer les pieds à soutenir les Britanniques qui manquaient de tout : armes, navires, ressources premières et denrées alimentaires. L’engagement des Etats-Unis dans le conflit et leur participation à la libération nous ont fait oublier que ce pays n’était tourné que sur lui-même avant de ne plus avoir le choix que d’intervenir.