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Eric Chol et Gilles Fontaine

Il est midi à Pékin
Fayard

“Pour recoller les morceaux, rien ne vaut la diplomatie du panda”

Une sensation d’éloignement insensible à la distance kilométrique, c’est l’impact qu’exercent les fuseaux horaires. Eloignement que la Chine tend à combler.  “L’heure de Pékin donne désormais aussi le tempo du reste du monde” nous expliquent Eric Chol et Gilles Fontaine dans Il est midi à Pékin.

Les deux auteurs prennent donc le pari de transporter leurs lecteurs autour du monde, utilisant les différents fuseaux horaires comme symboles de la distance séparant la capitale chinoise de ses cibles. Or, au fil des pages, cette distance devient accessoire, tant on sent l’emprise chinoise se refermer sur tout le globe, ne délaissant aucun territoire, aucune heure.

Erci Chol et Gilles Fontaine réussissent à faire apparaître les fils de la toile chinoise là où l’on ne pensait pas les trouver. On connait l’emprise grandissante des investissements et entreprises chinoises sur l’Afrique, mais il est plus rare d’apercevoir la même stratégie à l’œuvre dans les pays occidentaux tels que les Etats-Unis ou la France.

Les auteurs nous montrent que cette emprise, loin de s’arrêter aux territoires, concerne également une grande diversité de secteurs de l’économie mondiale. Ainsi, on découvre les investissements chinois dans le sport, la culture et l’éducation aux côtés de ceux bien connus dans les nouvelles technologies.

« Il est midi à Pékin » nous emporte également dans les conflits que le tissage de cette toile est en train de créer. L’ouvrage propulse le lecteur dans les préoccupations de territoires insulaires, parfois oubliés par leurs métropoles, qui voient en Pékin un apport non négligeable d’investissements. Il nous explique la méfiance des occidentaux qui tentent comme ils peuvent de contrer cette stratégie sans froisser le géant chinois. On assiste ainsi à une bataille d’influence dont on ne sait qui sortira vainqueur.

Si cette entreprise tentaculaire de déploiement d’influence peut terroriser les occidentaux, leur faisant craindre la fin de leur domination culturelle et idéologique sur le reste du monde, les deux auteurs se gardent bien de commentaires en ce sens. Ils font état de leurs recherches et décrivent un à un les éléments d’une stratégie chinoise ayant pour meilleur allié le temps. Temps qui s’écoule désormais au tempo de Pékin.

Aude Dubos-Michel