La journée du Livre Politique 2020 est annulée mais nous continuons à lire et à découvrir pour vous les essais politiques et socio-politiques. Aujourd’hui, coup de coeur d’Edward Chekly :
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 David djaïz

Slow démocratie
Allary Éditions

Hérodote raconte que Thalès a permis à Crésus, roi de Lydie, et à son armée, grâce à un moyen ingénieux, de traverser un fleuve au courant extrêmement fort, afin de faire la guerre aux Perses. Ce récit, rapporté en conclusion de Slow Démocratie, reflète le projet - intellectuel, celui-ci - de son auteur, David Djaïz : trouver un moyen ingénieux pour permettre aux Hommes, aux Européens en particulier, aux Français en premier lieu, de traverser le fleuve violent de la mondialisation. Il s’agit moins ici de faire la guerre à un autre peuple - on pourrait penser aux Américains ou aux Chinois - que de permettre aux citoyens et à la démocratie de “reprendre le contrôle”, “maîtriser la mondialisation et reprendre notre destin en main” comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage. En fait, l’auteur cherche une alternative au “national-populisme” - pour reprendre sa qualification - en faveur d’un projet qui résonne tout au long de l’ouvrage sans être prononcé : la souveraineté. L’analyse de David Djaïz vise les courants, les forces, la violence qui traversent notre monde depuis les années 1980, elle vise les dynamiques profondes et les équilibres structurants de nos sociétés contemporaines ces quarante dernières années. Le diagnostic est efficace, en trois temps, sa formulation synthétique.

Le livre introduit, ou plutôt réintroduit dans le débat public, de façon intéressante une voie collective qu’il considère résolument moderne (et ingénieuse) : la nation démocratique. Selon son auteur, page 222, elle serait la seule à offrir “la possibilité de conjuguer ces trois biens sociaux aussi désirables les uns que les autres : la démocratie, la liberté civile et la solidarité”. En fait, David Djaïz, à travers les pistes de solutions qu’il propose à la fin de chaque partie, renoue avec la modernité des Lumières et, disons-le, avec un esprit - peut-être le génie - français, à la recherche d’une voie médiane. Une voie médiane afin de réconcilier mondialisation et démocratie (par la nation), inverser la tendance à la “sécession des élites” (de la nation) et “l’échappée des régions riches” (au sein de la nation). Une analyse et un message qui nous invitent à repenser et, peut-être, nous réconcilier avec ce qui fait notre modernité et, alors, notre ingéniosité.

Edward Chekly