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Janine Mossuz-Lavau

Le clivage Droite Gauche

JANINE MOSSUZ-LAVAU

 

Le clivage droite-gauche (ou gauche-droite) existerait au sein de la société. Son actualité serait une question de communication politique, en décalage avec la “la vraie-vie-des-vraies-gens” (pour reprendre l’expression défendue par la politologue). Par son analyse, Janine Mossuz-Lavau rassurera certainement celles et ceux déjà convaincus (ou persuadés) du caractère structurant de ce clivage pour la vie politique. Elle peut alerter les autres de son intérêt.

 La politologue fait un état des lieux pédagogique de la recherche française, ponctuellement américaine, sur la sociologie du vote (chapitre 1 et 2) avant de proposer une analyse plus personnelle sur le sujet (chapitres 3 à 8), à partir d’une méthode (“l’histoire de vie”), que la directrice de recherche émérite CNRS au CEVIPOF a déjà défendu pour l’analyse de la vie sexuelle en France, récemment (en 2019) et par le passé.

 A partir d’entretiens (ces “histoires de vie”) menés à échéances régulières depuis 1968 (en 1969-70, en 1983, en 1992-94, en 1996-97, en 2004-05 et 2018-19), Janine Mossuz-Lavau identifie la façon dont les citoyens en France se situent in fine selon le même clivage droite-gauche, avec des variantes assorties aux évolutions de la société française.

 Cette enquête, sous titrée “Toute une histoire”, est une généalogie synthétique du clivage droite-gauche. Cette généalogie est également celle d’une séparation entre des citoyens et leurs représentants politiques nationaux ; et c’est là peut-être le message plus subtil de ce livre.

 Les conclusions sont plus tranchées et plus engagées lorsque Janine Mossuz-Lavau invite (les femmes et les hommes politiques) à “prendre en compte la pérennité des valeurs défendues au sein de la demande, comme l’évolution de l’ensemble de notre société”. Son message résonne comme une invitation à plus d’horizontalité dans le champ politique. Il porte aussi celui d’une génération, celle de 1968. La méthode n’est pas exclusive et les conclusions non définitives : la sociologue relève qu’elle aurait peut-être recueilli “un discours différent”, en référence à l’écologie notamment, si elle avait sollicité “des jeunes de 15-17 ans”. Ce sont aussi les limites du travail scientifique, auquel ce livre introduit de la façon la plus pédagogique, sur un sujet qui trouvera ou retrouvera une actualité, en France, à l’approche de l’élection présidentielle.

Edward Chekly