Christian Vigouroux

La société du dédain

Odile Jacob

 Tel l’orfèvre polissant son diamant et cherchant à le faire étinceler sous toutes ses faces, Christian Vigouroux multiplie les angles, les formes, les perfections et les scintillements d’un seul mot: le dédain.

« En amour il désespère, en politique il détruit, en droit il débouche sur l’arbitraire, en stratégie, sur la faute, au travaille il se transforme en harcèlement », constate l’universitaire qui distingue habilement le dédain du mépris et de l’humiliation.

Il s’agit donc ici d’un travail dense, minutieux, parvenant à surmonter le danger d’une approche soit trop psychologique, soit trop philosophique. L’auteur voit dans le dédain les germes de bien des révoltes possibles, notamment lorsque celui-ci produit de la pauvreté ou l’oubli des situations difficiles que doivent surmonter des territoires ou des populations abandonnées à leur sort. Il raconte le quotidien d’une ville imaginaire victime de tous les dangers de la ruralité.

Sans tomber dans la caricature (dont il souligne néanmoins l’utilité, reprenant la figure dédaigneuse de monsieur Prunelle représentée par Daumier) Christian Vigouroux démontre avec justesse les conséquences dévastatrices d’un pouvoir dédaigneux qui préfère le dos à dos au face à face, la distanciation à la confrontation.

L’auteur ne donne pas de leçon, ne vise aucune personnalité politique en particulier, mais sait avec subtilité mettre en garde contre une manière de gouvernement qui ne peut au fond qu’aboutir à un insuccès.

 Philippe Langenieux-Villard