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bruno studer

Député (LaREM) de la 3ème circonscription du Bas-Rhin, Président de la commission des Affaires culturelles et de l'Éducation

Descartes, reviens : les réseaux sociaux les rendent fous ! 

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». Ainsi s’ouvre le Discours de la Méthode de René Descartes rédigé en 1637. Plus loin, le philosophe précise : « la raison est naturellement égale en tous les hommes » ; « elle est la seule chose qui nous rend hommes et nous distingue des bêtes ». La raison comme faculté propre à l’homme, qui lui permet de produire des jugements et de discerner le vrai du faux, est l’un des fondements philosophiques majeurs de notre époque.

Essentiellement, Descartes considère que l’individu doué de raison appartient, contrairement à l’animal, d’abord à lui-même avant d’être défini comme membre d’une entité supérieure que celle-ci soit un parti politique, une communauté religieuse, une nation voire un état. Cette assertion célèbre a connu de nombreux commentaires, pour saluer sa profondeur et la liberté primordiale qu’elle ouvre aux hommes et aux femmes, ou à l’inverse railler son effarante candeur, tant l’histoire de l’humanité est émaillée d’événements qui la contredisent.

Nous avons bâti notre culture moderne et notre organisation politique en grande partie sur ce précepte, à savoir que la raison individuelle l’emporte par nature sur le commandement ou la consigne. Cependant, la révolution numérique a bouleversé à plusieurs titres notre conception du primat de la raison. Si l’accès simplifié de l’individu à la culture et aux informations en général est censé renforcer notre capacité à raisonner, leur profusion, l’absence de hiérarchisation de leur importance ou de leur source, peut tendre à l’inverse à limiter voire obscurcir le bon sens tel que défini par Descartes.

En outre, avec le développement des réseaux sociaux sur Internet et la viralité avec laquelle peuvent prospérer des informations partiellement vérifiées voire fausses, l’accélération de la temporalité, le développement des algorithmes qui présentent à l’internaute des contenus qui le confortent, le bon sens de Descartes est mis rudement à l’épreuve par la quasi-impossibilité pour l’individu de prendre le recul et le temps de réflexion nécessaires à l’analyse. D’autant que la pression du groupe sur l’individu est renforcée par la publicité de ses prises de position dans le cadre intime, amical ou professionnel. Une pression telle, qu’elle peut porter atteinte à la liberté de conscience.

Si des événements historiques de l’époque contemporaine ont pu régulièrement contredire la notion même de bon sens, c’est désormais la révolution numérique qui semble par nature constamment alimenter la déraison collective. A tous de la réguler.