Cauchemar brésilien

Bruno Meyerfeld

Grasset

Est-il rusé ou fou ? Psychopathe ou habile timonier ? Un Trump des tropiques ou un Le Pen brésilien ? Un animal politique sans doute, mais peut-être une marionnette ou un guignol… 360 pages qui font froid dans le dos des démocrates, 360 pages de descriptions qui sont autant de preuves que Jair Bolsonaro a, pendant quatre années, gouverné sans états d’âme un immense et beau pays en le menant à coups de mensonges et d’illusions, de combines et de népotisme, au bord de l’une des plus grandes faillites étatiques de l’histoire. Entre anecdotes folles où l’on découvre un responsable politique totalement déconnecté des réalités et les preuves d’un mépris absolu des conventions, des usages, du respect dû aux autres, ces pages se tournent avec stupeur.

A l’évidence, la raison a quitté le pouvoir au Brésil depuis l’élection en 2018 de cet homme capable de toutes les outrances, et qui porte sur sa conscience (avec insouciance) la responsabilité de 600 000 morts du Covid, de la déforestation massive de l’Amazonie et la croissance sans précédent de l’inflation et de la pauvreté.

On aurait préféré trouver cet ouvrage dans le rayon « roman » que sous la plume d’un journaliste sérieux qui livre ici un témoignage époustouflant sur la folie d’un homme capable de tout pour conserver le pouvoir.

L’imagination aurait été insuffisante pour concevoir une pareille déroute de l’intelligence et du bon sens. Et, au fond, au-delà du Brésil, se pose la question des risques immenses qu’une démocratie prend, lorsqu’elle livre son destin au populisme.

Philippe Langenieux-Villard