De l’Histoire à l’actualité, et de l’actualité à l’Histoire, le cours de nos sociétés contemporaine est un va-et-vient ininterrompu. Un présent toujours plus tumultueux secoue nos certitudes les plus solides. La connaissance du passé nous aide, parfois, à retrouver nos esprits.

Avec la pandémie de Covid, la montée des mouvements populistes, et plus encore le retour de la guerre au cœur de l’Europe, c’est l’ombre de tragédies anciennes que l’on croyait à jamais enfouies qui est revenue planer sur nos existences. L’affrontement Est-Ouest d’antan, bloc contre bloc, le spectre d’un conflit mondial, et même la menace d’une guerre nucléaire, tout a ressurgi en un instant.

Alors, passés l’effroi et la sidération, nos gouvernants, comme les commentateurs, se sont replongés dans leurs livres d’Histoire pour tenter de comprendre l’inconcevable. Ils ont constaté d’un même mouvement que jamais l’Histoire ne se répète de façon exactement identique, pas même sous la forme dérivée de farce, mais que du passé, nul ne fait jamais non plus complètement table rase…

De ma passion étudiante pour l’Histoire à ma profession de journaliste, cet étrange métier qu’Albert Camus qualifiait d’« historien de l’instant », de mon attrait pour une recherche scientifique plongée dans le passé à mon goût pour une activité artisanale ancrée dans le présent, le même mouvement de balancier entre hier et aujourd’hui scande le cours de ma propre existence. Un chemin chaotique, fait de doutes, d’interrogations, et d’une inlassable quête de vérité, un itinéraire incertain au fil duquel j’ai fini par comprendre que l’Histoire est une bougie dont la faible lueur, en éclairant le passé, pouvait m’aider à débroussailler le présent. Et parfois même à anticiper l’avenir.

Renaud Dély, Journaliste, Éditorialiste sur France info et Arte.