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Hugues Renson 

Député de la 13ème circonscription de Paris,

Vice-président de l’Assemblée nationale


Pour faire vivre la Démocratie,

cultivons les écrits

Le thème de cette 27ème journée du Livre politique, qui se déroule, comme tous les ans, sous le haut patronage du Président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, porte sur « les nouveaux enjeux de la République ». Il est non seulement conforme à l’objet de l’association – pourrait-il en être autrement ? – puisque celle-ci entend, pour reprendre les mots de sa présidente fondatrice Luce Perrot, « comprendre et démêler les difficultés inhérentes à l’exercice du pouvoir ». Mais ce thème fait également écho à l’actualité politique de notre pays, marquée, en 2017, par le plus important renouvellement de l’Assemblée nationale depuis la 1re législature de notre République, dont nous fêterons cette année les soixante ans.

À l’aune de ce renouvellement, engendré par la dislocation de la structuration bipolaire de notre système politique, quels « enjeux » devons-nous assigner à notre « République » ? Perdurer, se maintenir, se renforcer, d’abord. L’espoir qu’a suscité l’élection d’un Président de la République ayant eu le courage d’enjamber les frontières vieillissantes de notre vie politique comme l’enthousiasme retrouvé de bon nombre de nos concitoyens pour l’action publique ne doivent pas nous faire perdre de vue la nécessité de tisser le lien qui unit les représentants à leurs mandants. Le niveau d’abstention, toujours trop élevé, est là pour nous le rappeler. La défiance des Français à l’encontre du personnel politique n’a pas disparu comme par magie. À nous, par notre fidélité à nos engagements, par notre probité, par notre désintéressement et notre volonté de toujours œuvrer pour l’intérêt général, de rétablir cette confiance indispensable à la République. L’obéissance sied aux régimes dictatoriaux, la déférence aux monarchies, mais la République, elle, exige la confiance réciproque entre citoyens et gouvernants.

Cette confiance, si essentielle, repose avant tout sur la juste appréhension de l’exercice du pouvoir politique par les représentants. C’est sur ce terrain que la « littérature politique » a toute sa place, bien au-delà des médias d’information. Le livre doit éveiller la curiosité et éclairer la conscience du lecteur. Il doit l’aider à bâtir son appareil critique. Il doit lui apporter la matière à partir de laquelle il construira son opinion, éventuellement son choix politique.

Mon ami Jean-Louis Debré, dont la plus grande fierté aura été, de son propre aveu, de présider l’Assemblée nationale durant la 12ème législature, me disait, alors que je le rencontrais, il y a quelques jours, dans les couloirs du Palais Bourbon : « La politique, c’est le verbe ». Le verbe, qui se conjugue autant à l’oral qu’à l’écrit. Aujourd’hui, c’est l’écrit qui nous occupe. L’écrit qui reste, à la différence des paroles qui, trop souvent, s’envolent. Pensons à celles qui restent gravées dans nos mémoires
– notamment celles prononcées par un des membres fondateurs de l’association, Robert Badinter, Garde des Sceaux, alors qu’il exhortait les députés à abroger la peine de mort –, et cultivons les écrits qui sont autant de jalons posés sur les chemins de la liberté démocratique.

Hugues Renson, Ministre de la Culture, Député (UAI) de la 5ème circonscription de Seine-et-Marne, Président du groupe UDI, Agir et Indépendants à l’Assemblée nationale, délégué national d’Agir